K29 dans la sociologie des migrations : sur les traces du migrant équipé (Dana Diminescu)

Vidéo

(Vidéo non disponible pour cette intervention)

Résumé

D. Diminescu relate l’évolution de la sociologie des migrations qui, après avoir utilisé longtemps la figure du déraciné, se penche aujourd’hui sur la figure du navigateur au fur et à mesure que les migrants se voient équipés de téléphones mobiles et d’ordinateurs connectés au Web. L’expérience générée par cet équipement numérique se distingue doublement d’une rupture radicale liée au déracinement : relations médiatisées quotidiennes avec les membres de la famille et manipulation de documents/photos concernant les lieux d’origine semblent montrer que les migrants habitent deux endroits plutôt qu’un seul (« après le travail, rentrer chez soi, chez soi, deux fois chez soi… »). Le changement de figure s’accompagne d’une diminution de la physicalité et d’une augmentation de la place accordée aux émotions/affects. Sur ce point, D. Diminescu décrit de multiples pratiques et bricolages utilisant les interfaces des messengers, les fonds d’écrans des laptops, les répondeurs des téléphones mobiles. Elle enchaîne avec la notion de capital d’accès, constitué par les papiers, les clés et autres objets permettant la circulation des individus.
Elle précise que les frontières électroniques sont en train de devenir plus concrètes, et le contrôle des migrants intéresse tout autant les pays d’origine que les pays de destination : un passeport/visa électronique permet de tracer et évaluer les parcours des migrants. D’une certaine façon, entre les descriptions de lieux d’habitation par les migrants et les diverses conséquences de leur traçabilité par les états ou les familles, l’équipement numérique et le web réinjecte de la géographie dans l’expérience. Prolongeant cette idée, D. Diminescu, engage la dernière partie de son intervention dans la présentation du travail portant sur les e-diasporas (http://ticmigrations.fr/), la cartographie notamment des sites web destinés aux migrants, forums, réseaux associatifs, sites institutionnels…). Cette recherche a donné lieu à la création de Navicrawler logiciel de traçage de liens hypertextes et Gephi, outil open source de visualisation des graphes résultant du crawling.