Ecole doctorale d'été 2011

Thibault de Swarte

Société des réseaux et réseaux sociaux :
histoire, enjeux et perspectives critiques
(Thibault de Swarte)

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Société des réseaux et réseaux sociaux : histoire, enjeux et perspectives critiques

Résumé

T. De Swarte parle de réseaux et d’imaginaires des réseaux, mais aussi d’imaginaire de la mort et d’imaginaire du management. Son propos cherche à saisir dans une dynamique unique et complexe la crise culturelle, organisationnelle, financière, humaine et symbolique subie par France Telecom et ses employés depuis les années 80. Pour ce faire, il mêle références socio-anthropologiques (Durkheim, Mauss, Enriquez, etc.) et psychanalytiques (Lacan et son trio célèbre Réel-Imaginaire-Symbolique). Il dégage les raisons de l’invisibilité prolongée du malaise de ceux des employés de FT qui se sont suicidés en identifiant un double-bind « assurance de stabilité / politique de libéralisation » introduit il y a plus de 10 ans. Il montre que l’évolution des politiques de management de FT s’est faite en dépit de certaines considérations éthiques ne prenant jamais la quasi-disparition de l’entreprise à l’occasion de la chute de l’action au début des années 2000 comme signe d’une réflexion nécessaire. Si FT/Orange s’est relevée de cet écueil, De Swarte repère, de façon générale et par l’étude d’un cas de suicide, que l’imaginaire du réseau qui cristallisait encore l’implication des salariés dans l’entreprise s’est effondré. Le réseau est en effet l’objet de fierté de l’entreprise, l’objet de l’expertise professionnelle des salariés, la forme selon laquelle ils considèrent leurs relations entre collègues ou services, en bref, le signifiant majeur de l’organisation. Cette notion permet à De Swarte de conclure en affirmant que la transition organisationnelle fut liée à un déni fondamental du « travail de mort » que tout groupe de cette ampleur devrait savoir engager : la mort du réseau qui, défaillant, n’a plus permis ni de symboliser une place dans l’entreprise, ni d’imaginer les transitions technologiques, ni, enfin, de survivre à des bouleversements managériaux.