Pourquoi la censure du Net en période de troubles politique aboutit à plus de pics de violence (Paola Tubaro)
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Pourquoi la censure du Net en période de troubles politique aboutit à plus de pics de violence
Résumé
P. Tubaro engage, avec A. Casilli, une étude sur les émeutes de Londres de l’été 2011 à la suite de la « chasse au sociologue » lancée par certains politiciens anglais : chercher à comprendre des processus sociaux reviendrait selon ces derniers à justifier des actes illégaux perpétrés par des criminels. Les mêmes affirment qu’il faut interrompre les réseaux sociaux en cas d’émeutes urbaines, les soupçonnant d’en être la cause. L’agressivité de ces propos a incité les deux chercheurs à produire des outils de compréhension des émeutes malgré l’absence de données empiriques, se lançant dans une sociologie de l’évènement à laquelle ils ont associé la blogosphère gagnant ainsi une réactivité plus conséquente dans les retours de lecture que dans le monde académique classique. Ils ont choisi de travailler avec une méthode de simulation multi-agent, c’est-à-dire avec des outils logiques et graphiques qui servent à élaborer des scénarii, et participent à une expérience de pensée plutôt qu’à l’établissement de résultats.
Ils partent du modèle de J. Epstein sur la violence civile, qui indique que tout individu peut devenir violent en fonction du contexte évènementiel (local) et relationnel (interactionnel) dans lequel il se trouve. Si Epstein définit le critère du voisinage, comme perception servant à l’individu pour comprendre et agir là où il se trouve, Tubaro et Casilli adaptent cette notion au contexte londonien : les réseaux sociaux et de téléphonie mobile étant accusés de prendre place parmi les causes de la violence des émeutiers, les sociologues les intègrent dans le modèle en distinguant une vision basse (liée à une censure des médias sociaux) et une vision haute (liée à un usage de ces médias comme condition de l’action), ces deux types de vision remplaçant le voisinage du modèle de Epstein en ce que les informations obtenues ne sont plus uniquement liées à la co-présence. Ainsi, l’une des pistes que propose cette manière de concevoir la situation des émeutes de Londres indique que si la violence urbaine est inévitable, le plus faible contrôle des réseaux sociaux (en tant qu’agent d’action dans les rues) correspond aux plus longues séquences pacifiques pour la ville.
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